Une quantité invraisemblable de pièces
Le nouveau bureau de l’association a installé des vitrines, des présentoirs, affichés sur les murs une quantité invraisemblable de pièces de collection qui racontent la ville de Souillac. La vierge du port restaurée, des vêtements du XIXe siècle, des uniformes de fanfare, des instruments à vents, des bannières, des pierres sculptée de l’Abbaye, des objets utilitaires aujourd’hui disparus, des photos, tableaux, médailles, des ossements d’animaux disparus, des automates, malles, revues, livres, la mise en valeur des personnalités de la ville, et beaucoup de pièces se rapportant à l’abbatiale Sainte Marie, sans oublier le portrait de Georgette Delpech, l’ancienne présidente de l’association aujourd’hui disparue mais toujours présente dans les esprits des membres. Une collection qui fait écho aux fonds installés à la bibliothèque municipale, et qui constituerait presque à eux deux, le service des archives culturelles de la Ville. On pourrait passer des heures à décrire tout ce qui est présenté, notre exposé devient du coup imparfait.
La pièce principale, pour ceux qui ne l’ont pas encore vue, est installée avec soin, et même avec goût. Mais il ne s’agit que de la partie émergée des trésors que recèle l’association. D’autres pièces sont encore dans l’abbatiale, ou dans une petite salle au fond des nouveaux locaux. On y retrouve des livres, des morceaux de bois anciens, des instruments de musique (encore) et surtout, il y a tous les exemplaires de la revue que l’association essaie d’éditer deux fois par an. 77 numéros déjà depuis 1954.
Cette revue, à l’image du dernier numéro, est un concentré de savoir, un concentré d’histoires, qui appelle toujours des questions, toujours des détails à connaître… C’est tout simplement passionnant. Deux gros morceaux sont traités dans le dernier numéro : un hommage à Georgette Delpech avec un résumé éclairé de son parcours (il ne peut être que résumé), de sa vie illustrée de nombreuses photos. Il y a aussi un long récit sur la présence pendant la dernière guerre mondiale des collections du Louvres (et de Montauban) à Lanzac et ailleurs… Simplement passionnant. Une histoire incroyable qui fait aussi écho à la vie de Pierre Betz lorsqu’il s’installa à Lanzac, puis à Souillac… Une rédaction qui demande un travail énorme de recherche, de synthèse et d’écriture, et pourtant effectuée par des… bénévoles passionnés.
En devenant adhérent à l’association, on reçoit 2 numéros par an, et on contribue au financement du travail que s’est fixé l’association, pour seulement 25 € par an. Quoique, des travaux devrait-on dire.
Ouverture deux fois par semaine
Car maintenant que l’installation est faite, il convient d’accueillir les publics : les lundis et mercredis après-midi de 15 h à 17 h. À Souillac les journées du patrimoine c’est 2 fois par semaine.
Mais il faut continuer à classer, identifier toutes les archives qui ne l’ont pas encore été, notamment des stocks de photos et de cartes postales d’époque. Cela demande des heures de travail fastidieux et très rigoureux ; on fait appel à la mémoire des anciens parfois. Les heures de bénévoles deviennent très vite centaines. Et on en est déjà à plusieurs générations de gens qui y ont consacré leur temps. Les premiers auront su transmettre leurs connaissances et leur passion à ceux qui suivaient.
Il faut aussi continuer à enrichir les collections, les dons des habitants ont été importants, mais il manque encore des pièces ici ou là. Tout ce qui permet d’enrichir l’histoire de Souillac devient nécessité ; sans oublier la restauration de certaines pièces qui exige parfois des doigts de fées.
Et puis il y a aussi la partie généalogie, relativement récente. Imaginez le travail déjà réalisé : des actes de naissance, de décès et de mariage ont déjà été recensés de 1710 à 1907. Soit plus de 25 000 enregistrements. Mais il reste à faire la partie 1907-2017.
Et il faut réhabiliter l’informatique de l’association, reconstruire un site internet moderne. Cela prend du temps, exige des compétences nouvelles. Une nouvelle génération de bénévoles se doit d’arriver, vite, car il faut beaucoup de temps pour être formé, investi… Ce savoir-faire-là, cette philosophie ne s’apprennent ni dans les livres ni sur internet.
Un patrimoine vivant à perpétuer !
Tous ces amis du vieux Souillac qui œuvrent depuis 1954 sont de véritables bourreaux de travail, à la fois fourmis méticuleuses et titans de chair. A force, on s’aperçoit en multipliant les conversations avec les membres actifs (ils ne sont qu’une dizaine en fait) qu’ils sont des livres ouverts, tant ils portent de connaissances, mais des livres annotés, car certains ont encore la capacité à raconter des anecdotes vécues ou rapportées qui n’ont jamais été écrites… N’en disons pas plus, il faut être curieux et savoir les écouter. Du coup, ces membres actifs deviennent part entière des collections, ils sont indissociables de ce que vos yeux pourront voir, et ce serait leur faire injure que les considérer comme des propriétaires.
Nous ne connaissons pas beaucoup de petites villes de cette taille, qui portent autant d’histoires. Cette richesse devient du coup comme une colonne vertébrale. Non pas par nostalgie des temps anciens désormais révolus, mais parce que le charme que l’on ressent en traversant la ville prend tout son sens, et ce sont tous nos sens qui sont interpellés en rencontrant les trésors de Souillac. Du coup, la ville brille de tous ses feux et il n’y a plus qu’à partager cette gastronomie culturelle avec le visiteur d’un jour.
Mais c’est à vous, les Souillagais, que revient l’honneur de continuer à l’écrire, à l’enrichir et la transmettre, et devenir les nouveaux amis du vieux Souillac.
CLAUDE RABUTEAU